Les Tobago Cays, ou LA destination dont tout le monde parle. C’est un archipel des Grenadines composé de 5 petits îlots inhabités. De l’eau translucide et la promesse de nager avec des tortues, des raies et si nous sommes chanceux même des requins. Nous quittons Bequia un peu stressés à l’idée de parcourir encore une fois, ce trajet qui a failli nous coûter Nomad et notre projet…. En effet nous avions tracé de Carriacou à Bequia en faisant l’impasse sur les petites îles des Grenadines, pour pouvoir rejoindre au plus vite les copains et parcourir en leur compagnie la route à l’envers qui nous ramène à nouveau vers Carriacou . L’idée étant de rester avec eux jusqu’aux vacances de février, date à laquelle Sybille et ses enfants nous rejoindront en Martinique. Nous faisons un peu le yoyo mais finalement les distances ne sont jamais très grandes et celà nous semblait tout à fait faisable.
La mer est imprévisible ….et mon mal de mer aussi… Cette fois les éléments seront plus cléments et je vais bien. Je décide de barrer le plus longtemps possible pour éviter la somnolence et le mal de mer et ça marche. 4h00 de vent de travers, pas trop de vagues, de belles couleurs et des dauphins. Pour l’instant tout va bien.
Nous faisons néanmoins une erreur. Nous pensions arriver plus tôt dans la soirée, mais n’avions pas imaginer l’impact des courants à contre sens au moment même ou le vent se met à souffler de face. Nous affalons les voiles et allumons le moteur. les Tobago Cays sont juste devant nous mais Nomad est fortement ralenti et le soir se met à tomber alors que nous arrivons dans la zone à risque, bardée de têtes de coraux. Le vent forcit évidemment et le courant nous complique la tâche. Allez, on en a vu d’autres, pas de raisons de paniquer. Oui mais nous n’avions pas compté sur le fait que notre moteur chéri arrêterait de fonctionner à ce moment là, … Pô cool….On innnnspiiiiire, on exxxxxpiiiiiiire. On passe le moteur au neutre en regardant les récifs se rapprocher, on compte lentement jusqu’à 10, (on se hurle quelques insanités, juste pour se défouler, du genre:” je t’avais bien dit que c’était un connerie de rentrer de nuit!!!…) on réenclenche le moteur et ….aallléééluiiyya, le moteur repart. Ouf ça c’est fait.
Maintenant par contre il fait nuit, bien nuit…Matan me hurle du fond du bateau les caps à tenir pour éviter les têtes de récifs. Au passage on engueule aussi les enfants comme si les pauvres y étaient pour quelquechose….
Les dérives sont remontées. Avantage, nous n’avons plus que 90 cm de tirant d’eau; désavantage: nous dérivons à fond… Les vagues et le vent se liguent contre nous et je peine à tenir les bons caps. M’enfin, finalement tout ça passe et nous arrivons en face des zones de mouillage. Le coin paradisiaque à l’air d’être recherché par d’autres que nous, car droit devant ce ne sont pas de étoiles que nous voyons, mais bien des lumières de tête de mât. Je regarde Matan un peu affolée me demandant vraiment comment nous réussirons à nous faufiler entre les récifs et tout ces bateaux avec un vent à 25 noeuds et un courant pas sympa…. La chance est avec nous et il reste un petit coin libre. Nous jetons l’ancre pile au moment ou le voisin ouvre le couvercle de son barbecue. Le vent n’en loupant pas une s’y enfile et projette une traînée de plusieurs mètres de braises rougeoyantes droit sur …l’autre voisin. Récapitulons, nous avons franchit les têtes de coraux, réssucité notre moteur, évité les milles autres bateaux, survécut à une brûlure au troisième degré et notre ancre tient. Pas de quoi se plaindre non…?
C’est vrai, n’empêche que malgré l’eau turquoise et oui il y a des raies, des tortues et des iguanes et bien moi je préfère mon Chatam Bay, na!