Quel bonheur après tant de jours en mer de toucher enfin terre. Matan avait choisi d’arriver à Saint Davids Harbourg car c’est un petit coin moins touristique que beaucoup d’autres et surtout parcequ’il y a un bureau de douane et immigration afin d’effectuer les formalités obligatoires quand on arrive dans un nouveau pays. Le bateau Suisse « Mélanie » (Mélanie que j’embrasse au passage J), qui nous a aidé à notre arrivée, s’étonne qu’on vienne se mettre dans un coin ou il n’y a rien ni personne. De plus il nous apprend que les bureaux et le petit restaurant en bordure de plage sont fermés jusqu’au 4 janvier. Pas de clearance possible et vraiment d’après lui, rien à faire ici…. Il est par ailleurs en train de lever l’ancre pour partir vers un endroit un peu plus attirant…
Nous décidons néanmoins de débarquer, car nous à son contraire, les coins perdus nous les recherchons et s’il le faut Matan prendra le bus jusqu’à Saint Georges pour effectuer la paperasse nécessaire. A peine débarqué nous recevons notre premier cadeau de Noël. Le bureau des douanes et immigration a beau être fermé, il s’avère qu’un de leurs officiels, se trouve juste là et il m’interpelle depuis sa voiture : » immigration ? custom ? » 
Il est en train d’enfiler sa chemise, de mettre ses épaulettes, d’avaler quelques pastilles … et il s’extrait de sa voiture, en costume, chemise blanche et… schlaps ! Trop drôle. Je suis tellement enthousiaste de le voir qu’il doit se demander si j’ai toute ma raison. Il ne sait probablement pas ce que c’est de toucher terre après avoir passé 15 jours en mer… A ce stade je pourrais serrer la terre entière dans mes bras et tout me semble M E R V E I L L E U X !!! 
Nous le suivons et effectuons la partie douane. Il appellera un collègue pour qu’il se déplace et nous fasse faire l’immigration.
Nous sommes le 24 décembre, il est midi, NOUS SOMMES ARRIVES les formalités sont effectuées et la vie est belle ! Toutes ces bonnes choses doivent se fêter et étant donné que nos vivres sont quasi inexistantes, nous décidons de prendre un bus pour Saint Georges afin de visiter la ville et d’y passer la soirée. Nous traversons le chantier naval quasi désert, et nous promenons à travers un petit bout de forêt tropiquale pour rejoindre la route et attraper notre bus. Grâce à Shefqet nous apprenons plein de choses. Comment repérer les manguiers, les papayiers et différenciers les nombreux palmiers. Il nous parle des palétuviers gris, rouge et nous montre les termitières, les milles pattes et apprend aux enfants comment caresser les feuilles des sensitives qui à leurs toucher se referment.
Les grillons et les grenouilles font de la musique, l’air est chaud et humide et la végétation dense. Les personnes que nous croisons sont aimables, souriantes et prêtes à répondre à nos diverses questions.
Nous arrivons au bord de la route et attendons le bus. A Grenade il n’y a pas vraiment d’arrêt.Il suffit de faire un signe et le bus s’arrête au bord de la route. Pour redescendre il faut taper contre la paroi et il s’arrête à l’endroit ou il se trouve. Egal si c’est au milieu d’un virage, d’une montée ou d’un endroit ou la route est serrée…
En soit ce ne serait pas si flippant si le bus ne roulait pas à toute bombe sur ces petites routes sinueuses et mal entretenues. Evidemment pas de ceintures de sécurité, pas d’air bag et de la musique reggae à fond les ballons dans les oreilles. Nous nous entassons avec les locaux sur les 4 banquettes et devenons en deux secondes totalement croyants. Si quelqu’un de vous s’est fait des soucis pendant notre traversée de l’Atlantique et bien j’ai le regret de vous dire que c’est maintenant qu’il faut vous en faire ! Les Grenadiens conduisent comme des fous furieux ! 
Notre trajet ressemble à ces jeux vidéos ou une voiture roule le plus vite possible avec toute une série d’obstacles à éviter, sans compter les voitures qui se doublent dans les virages sans aucune visibilité… Je pense que la rubrique nécrologie doit prendre au moins un tiers du journal local. Le bus évite les gens, les chiens écrasés, les autres véhicules et tout cela sans ralentir une seule fois. Flippant ! 
Mais le plus étonnant c’est qu’au stade ou on en est, on s’en fiche assez rapidement et nous confions nos petites vies à ces conducteurs en nous disant que rien n’y personne nous empêchera de vivre ce que nous avons décidé de vivre ! NA ! Nous visiterons Grenade, conducteurs timbrés ou pas. D’ailleurs vu la nonchalence de tous les passagers, ce ne doit pas être si grave !
Saint Georges déborde de monde et de bruit. Nous sommes le 24 et tout le monde fait la fête. Après la solitude de l’Atlantique nous étouffons presque dans cette marée humaine. Nous nous promenons un peu, mangeons à la va vite dans un local trop mais vraiment trop bruyant. Shefqet s’est mis en mode automatique et à le regard perdu au lointain, et finalement nous sommes tous assez contents de nous rapatrier vers notre Nomad qui nous attend sagement dans la baie calme et paisible de Saint David’s Harbour. A nous une bonne nuit de sommeil. Nous en avons tous besoin, le Capitaine en tout premier !
