Les jours ont passé trop vite au Cap Vert et nous voilà déjà au matin de notre départ. 8 décembre, une belle journée qui s’annonce, des vents pas trop fort et l’excitation de cette longue traversée qui nous rend tous un peu frénétiques.
Les filets sont à nouveaux remplis par légumes et fruits achetés au marché et dans les diverses petites boutiques de Mindelo. Nos réserves d’eau et de Gazoil sont au max et même nos deux bouteilles de gaz ont pu être remplies. Le moral de l’équipage est bon et une fois l’immigration faite et nos papiers tamponnés nous largons les amarres. Bye bye poussiéreuse Mindelo, tu auras été une belle halte sur cette longue traversée.
9 décembre, grande voile et génois dehors, Nomad navigue a 4 nœuds et la mer est calme. Le capitaine dépité compte le peu de miles parcourus alors que moi je me réjouis de ce début de traversée calme. Pour nous égayer les dauphins viendront nous faire un coucou et nous pêchons notre première daurade coryphène.
10 décembre, vents constants du NE, 5,5 nœuds et une petite houle qui s’installe du Nord. Tout le monde va bien et même moi, hahahaha ! et vous voulez savoir quoi et bien ça continue comme ça pendant plusieurs jours. Le vent souffle gentillement, doucement et Nomad avance tranquillement à 4-5-6 nœuds. Du coup les enfants ont inventé un nouveau jeu : Piiiisciiiine dans le cockpit. Nous remplissons deux grandes bassines et c’est le départ d’un monde fabuleux. Noa met son masque et plonge la tête dans sa bassine qu’elle a au préalable truffée d’un tas de coquillages ramassés ces derniers mois. Adi remplit de petits pots et verse l’eau d’un récipient à l’autre. Noa et Adi se font des bains mousseux et s’amusent à tourner telles des toupies dans leurs petits cocons rafraîchissant. Même Amos se laisse tenter bien qu’un peu moins convaincu J Quant à moi, oooh miracle je peux faire l’école aux enfants, cuisiner et lire. Le Pied !
16 décembre, le vent tant attendu n’est toujours pas arrivé et les hommes s’occupent du mieux possible. Ils mettent le tangon à tribord, puis à babord, puis je les vois tirer sur les écoutes pour relacher le tout quelques minutes plus tard. Ils soupirent un grand coup et se résignent à redonner un coup de moteur. Moi je me marre, jusque là touuut vaaa biennn !
Les enfants s’occupent bien. Ils ont reçu chacun un légo à construire pour fêter le passage des 40° ouest. Rayon fraîcheur, il nous reste 1 citron, 1 orange, 2 carottes et un chou … et Grenade est encore bien loin….
17-18-19 décembre, le vent arrive enfin et avec lui la mer qui monte… le bateau devient moins comfortable et les enfants peinent à s’occuper. Nomad file à toute allure (7 à 8 nœuds), Matan n’arrive plus bien à trouver le sommeil, tout occupé qu’il est à surveiller notre navigation. Le ciel se couvre plus fréquemment et nous essuyons nos premiers grains. C’est rigolo de les voir arriver sur le radar. Nous voyons notre bateau au centre et un amas de petits points qui se déplacent plus ou moins rapidement en notre direction ou pas. Les petits points sont la pluie qui tombe drue et qui annonce un vent soudain et fort. Ca occupe … J
Depuis le début de la traversée nous avons pêché 4 daurades coryphènes que je prépare avec Shefqet. Notre 4ème aura raison de moi et de mon estomac ! promis juré je ne mangerais plus jamais de poisson. Je ne peux littéralement plus le sentir, le voir ni même en parler. Je tape d’ailleurs ces lignes à toute vitesse de peur de ressentir à nouveau cette nausée féroce au moment ou je vois notre ligne qui se tend et ce corps jaunâtre jaillir de l’eau. Pouak et tant pis pour le reste de l’équipage. Je reste ferme sur cette décision, NON nous ne jetterons plus la ligne à l’eau. Même les conserves de poisson deviennent tabou !
20 décembre et une petite Noalinette qui compte les jours la séparant de son anniversaire. Aujourd’hui nous jettons notre bouteille de rhum (vide J) remplies de lettres et de dessins des enfants par-dessus bord. Amos a soigneusement écrit nos coordonnées gps, notre email afin que la personne qui trouvera peut-être un jour notre message puisse nous faire un signe…
21 décembre, juste avant 21h00 la tête de notre tangon se casse….Une grosse vague aura eu raison d’elle….Super Capitaine Matan et super Shefqet bricoleront une tête de secours à l’aide d’une manille et le voilà à nouveau en service. Nomad avance à 8 nœuds et mon estomac s’en nouera d’autant..
22 décembre pour vous donner une idée de mon moral je vais vous recopier lettre par lettre mon entrée dans le carnet de bord : » Je veux que ça s’arrête, je veux que ça s’arrête, je veux que ça s’arrête, je veux que ça s’arrête. Mon corps en a marre d’être balloté dans tous les sens. Mal partout. Dedans, dehors. STOOOOP !
Vous l’aurez compris, j’en ai ma claque ! j’en ai raz le bol ! j’en ai marrissime ! il va falloir de la sophrologie intensive pour surmonter tout ça. Il va falloir arriiiiiiver !
A ma décharge, les vagues montent à environ 4 mètres et Nomad fait des surfs à 13.5 nœuds….
A ce stade tout n’est que mouvements cahotiques et bruits. C’est incroyable comment un bateau lancé à toute vitesse sur un océan agité peu faire du bruit. Bruit de la mer, bruit des voiles et du vent qui siffle dans le gréement, la vaisselle qui s’entrechoque dans les armoires et les portes qui grincent, bruit de l’hélice qui tourne à toute allure, bruit dans ma tête pour que tout ça s’arrête enfin !..
22 décembre : Matan, les enfants et Shefqet trouvent les bons mots et promis je ne me jetterais pas de désespoir par-dessus bord. Même si je recommence un lien étroit avec mes amies les bassines… Parait que l’on arrivera demain et c’est à cette promesse que je me cramponne.
24 décembre il est 00h22 UTC, nous recevons le plus beau, le plus doux de tous les cadeaux : Notre transat se termine, nous sommes arrivés ! Nous aurons parcourus ces 2200 miles en 15 jours et demi. Les premiers 1100 miles en 9 jours avec une moyenne de 122 miles par jours et les 1100 miles restants en 6 jours avec une moyenne de 170 miles par jours…
Comme à notre habitude l’arrivée se fait de nuit dans la baie de Saint David’s Harbour. Il est fortement déconseillé d’arriver de nuit, nous le savons déjà… mais personne de nous n’a envie de tourniquoter encore 8 à 9 heures avec notre Nomad en attendant les premiers rayons du soleil. Nous évitons de justesse les récifs de tribord, trouvons le bon chenal et alors que nous cherchons un endroit ou jeter l’ancre, nous faisons accueillir par un bateau Suisse, Mélanie J, qui nous éclairera une belle bouée qui je le pense nous attendais juste nous. Bouée prise, bières sorties du frigo, le tintamarre du bateau qui est remplacé par le chant des crickets et des grenouilles, l’odeur de la terre dans les narines , nous sommes supers, méga, hyper, extraordinairement fiers et heureux de pouvoir dire : » nous sommes aaaaaaaarriiiiiiivéééééés » ! …
Bonjour les amis!!!
Je ne sais pas si vous pouvez lire vos messages
Chapeau bat!!(expression française pour vous dire bravo, félicitation!!) pour votre traversée!!!!!
Y a un moment que nous sommes pas allés sur votre blog et du coup on a été surpris de constater que finalement vous avez tous traversée nous sommes heureux pour vous!!
Virginie je suis en train de faire des séances d’acuponcture pour essayer de me faire passer le mal de mer je te dirais quand nous reprendrons la mer si ça marche lol!!
En tout cas on vous souhaite une merveilleuse Année 2016 pleins de beaux souvenirs et de belles rencontres
Un bon anniversaire à Noa j’ai bien pensé à elle le 31
Où êtes vous en ce moment?
Nous nous attendons mi février pour repartir voir notre tatou bien seul
On profite de la famille et des pull-overs hihi mais bon pour l’instant il ne fait vraiment pas froid
On vous embrasse tous et encore bravo et bon vent
Chantal et lionel
Bonjour Chantal et Lionnel.
Toute belle et heureuse année 2016 à vous aussi!! Et oui tu vois j’ai finalement décidé de rester sur Nomad et de vivre ce moment en famille. C’était difficile et surtout sur la fin mais toute la traversée j’étais motivée par ce sentiment fort de vouloir arriver auprès de Matan et de découvrir le sable fin et les cocotiers des Caraïbes à ses côtés. J’en suis fort heureuse d’ailleurs et ne regrette pas d’avoir fait cet effort. J’espère que de votre côté vous faites le plein de moments heureux en famille et de petits enfants qui vous courent entre les jambes. Je te souhaite de tout coeur que l’acupuncture puisse fonctionner et ouii ouii ouii tiens moi au courant :-). Nous sommes à Carriacou en ce moment et c’est magnifique. A part être très très beau, les Caraïbes ont celà de magique ques les îles sont à quelques mini miles de distances rendant les traversées ridiculement petites et très supportables. Nous levons l’ancre et avons à peine le temps d’écrire notre départ dans le livre de bord que nous sommes déjà arrivés dans un nouvel endroit paradisiaque. Venez donc en juger par vous même 🙂 gros bisous et à tout bientôt sur notre blog ou ailleurs.
recoucou si on veut vous envoyer des photos comment doit-on si prendre??
Félicitations pour cette traversée à toute la famille! Merci de me faire rêver et, peut-être dans une prochaine vie, me lancer dans ce magnifique projet. Pour autant que d’ici-là mes angoisses auront disparues…
Coucou, les angoisses ont une tendance naturelle à disparaître au chaud soleil des Caraïbes avec un petit rhum dans une main et un bon livre dans l’autre :-). Venez donc voir tout ça par vous même, il y a toujours de la place à bord de notre Nomad pour les amis!
Amicales salutations salées depuis notre petite île.
les Nomad’s
Bonjour et félicitations hardis navigateurs, petits et grands !
Une première traversée atlantique est toujours un moment fort qui marquera votre vie.
Vous avez eu du beau temps, comme on peut s’y attendre sur cette route des Alizés.
Maintenant des belles navigations vous attendent sur un mer phosphorescente et magique.
Tous nos bons vœux et des merveilles pleins les yeux. Vive 2016 !
Bloaezh mat ! Monique et Daniel (22)
Quart de nuit
La nuit sereine avait, pour les choses d’en bas,
Déployé l’apparat de ses grands luminaires
Dont la ronde éternelle enroule à petits pas
Les instants qui feront les âges séculaires.
Le navire irréel débobine au cordeau
Sur l’onde ténébreuse un sillage impassible ;
Il n’ose raviver, tel un frêle radeau,
D’Eole ou de Triton la nature irascible.
Un poisson volant fuit sous l’étrave d’airain
Allumant les flots noirs d’une trace indiscrète,
Quand d’autres sur le pont s’échouaient au matin ;
« Le large monte à bord » nous disait le poète.
Dans la timonerie règne l’immense nuit ;
Surveillant le compas, un homme est à la barre,
Le second veille au loin une forme qui luit ;
La menace est présente en la moindre gabarre.
Du coté du Levant de naissantes lueurs
Dévorent lentement la sombre séductrice ;
Phébus est de retour et fourbit les couleurs
Du cycle de la vie dans un feu d’artifice.
Daniel C.
Merci beaucoup à vous deux. Nous vous faisons peut être voyager avec notre blog mais Daniel de ton côté tes poèmes nous font rêver à leurs tour. Un grand merci 🙂 gros baisers et toute belle année à vous deux.
Bonjour et félicitations hardis navigateurs, petits et grands !
Une première traversée atlantique est toujours un moment fort qui marquera votre vie.
Vous avez eu du beau temps, comme on peut s’y attendre sur cette route des Alizés.
Maintenant des belles navigations vous attendent sur un mer phosphorescente et magique.
Tous nos bons vœux et des merveilles pleins les yeux. Vive 2016 !
Bloaezh mat ! Monique et Daniel (22)
Quart de nuit
La nuit sereine avait, pour les choses d’en bas,
Déployé l’apparat de ses grands luminaires
Dont la ronde éternelle enroule à petits pas
Les instants qui feront les âges séculaires.
Le navire irréel débobine au cordeau
Sur l’onde ténébreuse un sillage impassible ;
Il n’ose raviver, tel un frêle radeau,
D’Eole ou de Triton la nature irascible.
Un poisson volant fuit sous l’étrave d’airain
Allumant les flots noirs d’une trace indiscrète,
Quand d’autres sur le pont s’échouaient au matin ;
« Le large monte à bord » nous disait le poète.
Dans la timonerie règne l’immense nuit ;
Surveillant le compas, un homme est à la barre,
Le second veille au loin une forme qui luit ;
La menace est présente en la moindre gabarre.
Du coté du Levant de naissantes lueurs
Dévorent lentement la sombre séductrice ;
Phébus est de retour et fourbit les couleurs
Du cycle de la vie dans un feu d’artifice.
Daniel C.
Il est magnifique votre poisson!!! Je m’en lèche les babines 😉
Vous avez pas un petit film dramatique avec les grosses vagues pour qu’on se fasse un mini impression de ce que vous avez vécu?
bisou à tous!
En fait oui mais le montage prend du temps et on a plus filmé tout à la fin quand c’était vraiment gros. .. gros bec