Le lendemain nous repartons pour une magnifique journée de traversée pour arriver le soir à Long Cay. Le mouillage est très beau et Yaël, moi et les enfants partons dès notre arrivée en dinghy, aérer nos jambes et surtout surtout celles plus petites mais d’autant plus vives de nos charmants bambins! Nous sommes étonnées de constater qu’à quelques mètres de la plage il y a comme une petite piscine d’eau très très chaude. J’appelle même Matan à la VHF pour qu’il vérifie la température de l’eau autour de Nomad.
Autour du bateau 28 degrés, chez nous nous estimons autour de 36-38… Nous ne sommes pas arrivées à une bonne explication du phénomène. En effet dès que nous creusions un peu le sable, l’eau se refroidissait excluant l’hypothèse d’une activité volcanique sous marine. Probablement un courant chaud venant de plus loin…
Le lendemain, je pars explorer les fonds marins autour du bateau et trouve abritée dans un conche une drôle de bête que je ramène sur Nomad. Yaël qui est biologiste marine m’éclaire en m’expliquant, presqu’en même temps qu’Amos que ma merveilleuse découverte s’appelle une ophiure. “mais oui maman, tu sais… c’est écrit dans les copains des mers! c’est une ophiure bien sûr!“Une sorte d’étoile de mer à longues pattes. Nous observons avec intérêt cette petite merveille puis la remettons à l’eau. La journée se passe paisiblement et en fin d’après-midi, Matan et moi embarquons 5 enfants, hormis la petite Maia qui se réveille à peine de sa sieste et qui reste avec ses parents au bateau, pour une exploration de l’île. Un paradis! Une végétation de mangrove, de sable et de milliers de coquilles vides de conches. Matan y trouvera son royaume. Roi du conche-îlot 
Nous quittons la mangrove et le sable pour escalader une colline à végétation rase et arrivons au sommet dans un espèce de plateau désertique. La vue y est majestueuse et les moustiques horripilants et tenaces! On aurait dit qu’ils s’étaient donnés rendez-vous pour une fête quelconque et que nous étions la pièce montée du dessert… Grrrr, nous enregistrons à toute vitesse la beauté du lieu et re dévalons à grandes enjambées la colline.
Les enfants se mettent à courir au bord de l’eau, tout habillés. Du bord de l’eau ils se mettent à courir un pied dans l’eau, un pied sur le sable, jusqu’au moment ou je vois Adi hilare, renverser un verre d’eau dans le t-shirt d’une Emma toute aussi rigolante. (oui je sais rigolante, ça n’existe pas, mais je trouve que ça sonne juste comme il faut ) . C’est le début d’une immense course poursuite d’enfants survoltés et super heureux qui se poursuivent tout habillés dans l’eau. Le soleil qui se couche en arrière plan nous offre des lumières magiques et uniques. Nous en prenons plein la vue et goûtons à ce moment de bonheur pur!
Le soir arrive et nous décidons de lever l’ancre pour une navigation de nuit de 25 miles. Dror et Yaël ont envie de voir grand turcs et nous sommes de plus en plus stressés de continuer dès que possible notre route vers Puerto Rico. Chaque mile de fait dans la bonne direction est un mile de gagné. Un mile gagné sur des vents contraires et des conditions de navigation difficile voire impossibles. Nous louons toutes tempêtes nous amenant du vent du Nord..
Le plan est que femmes et enfants s’en remettent aux bras de Morphée, pendant que les hommes, les braves, naviguent et emmènent leur famille en toute sécurité à Grand Turcs. Tout se passe à merveille pendant la première heure, jusqu’à l’arrivée d’un orage…. Du fond de ma cabine, j’entends l’éolienne qui se met à siffler, les voiles se tendre, tout Nomad vibrer sur fond de gros vent. J’entends mon Matan qui part au pied du mât prendre un ris, puis un deuxième en donnant des ordres à un Dror un peu dépassé mais pas inquiet pour un sou. Dans ces moments là, pour moi impossible de dormir. Ma place est près de mon capitaine de mari. Je sors de ma couchette, enfile salopette et gilet de sauvetage et vient vérifier l’état de la mer… C’est un gros coup de vent qui nous est tombé dessus. Des pointes de vent à 35 nœuds, une mer qui en quelques minutes s’est faite grosse et inconfortable… Matan change de cap pour passer d’une navigation au près à une navigation vent arrière… toujours 35 nœuds… Je vais jeter un oeil à l’ordinateur et remarque que nous n’allons plus du tout mais plus du tout dans la bonne direction. Matan me demande depuis le cockpit de calculer pendant combien de miles nous pouvons adopter cette tactique de fuite jusqu’à ce que nous touchions terre… Il nous reste une dizaine de miles… Le vent ne faiblit pas, Naomie et Maïa à tour de rôle vomissent sur une Yaël toujours aussi zen …Dror qui est allé s’inquiéter de sa famille un poil verdâtre, le devient à son tour et nous quitte pour aller fermer les yeux. Matan et moi restons dans la tempête à voir notre Nomad filer à grande vitesse au travers des vagues, emmenés par un vent capricieux et violent. Nous ne sommes pas inquiets, enfin moi je le suis quand même un peu quand je vois mon mari que j’aime tant partir à l’avant du bateau, sous des paquets d’eau de mer et des rafales à faire frémir un bernard l’hermite (hahaha) afin de prendre un nouveau ris, ou régler un problème de voile…
La tempête dure et dure et me fait vomir mes tripes et puis comme toute les tempêtes finit par se calmer… Nous arrivons au petit matin à Grand Turcs. Nous sommes fatigués et c’est peu le dire. Le mouillage que nous envisagions est moche et nous décidons d’ancrer plus loin le temps de fermer un peu les yeux et nous remettre de notre nuit.
Quelques heures plus tard nous relevons l’ancre et nous dirigeons vers un mouillage plus pratique pour nous. C’est un poil roulis, mais ça fera l’affaire, car pour nous il sera bientôt temps de préparer Nomad à la prochaine traversée..
En effet pour nous la route n’est pas finie et nous décidons de profiter d’une excellente fenêtre météo qui s’offre à nous. Nos amis nous quittent quelques jours plus tard pour passer leur dernière semaine de vacance à l’hôtel et nous nous attelons à la tâche de ravitailer Nomad de faire le plein d’eau et de gazoil, et nous levons l’ancre vers Puerto Rico.
Les adieux sont émouvants. Nous avons adoré chaque minute du temps passé avec nos amis. Ils vont nous manquer. Matan quitte son ami et moi les larmes dans les yeux je quitte ma nouvelle belle et grande amie, Yaël. Les enfants sont tristes aussi, mais pragmatiques savent que bientôt notre route croisera encore une fois celle d’un nouveau bateau copain..
Il faudrait toujours pouvoir se mettre à la hauteur de nos enfants. Souvent ils voient juste!
Bonne route à vous les Fridmans, et une bise ensoleillée à vous nos amis qui nous suivez à travers la lecture de nos récits. Nous nous reverrons à Puuuertooo Ricooo!
les Nomad’s
