Bequia (beq-wai) ou la destination copains que nous avons. Nous restons dans les petites Antilles mais quittons officiellement Grenade pour les Grenadines. Nom officiel du pays: Saint Vincent et les Grenadines. Celà implique pour nous de passer par la douane et l’immigration, de payer les taxes dûes et de hisser le nouveau pavillon du pays visité. Nous sommes partis de Carriacou avec le projet d’arriver au plus vite à Bequia pour

retrouver Rothim, Cata Maia, Shuti, La Cruisa Nostra et peut-être Aliza. Un stop pour la nuit à Chatam Bay, juste pour nous donner l’envie d’y retourner très vite tellement c’est beau et le lendemain au matin, frais et repos nous mettons le cap sur Bequia. Rien de bien spécial pour cette navigation. Nous sommes contre les vagues et le vent mais en 6 heures nous devrions être arrivés.

 

Et oui c’est probablement quand on part trop confiant qu’on en prend plein le nez…. Côté positif de cette navigation, je verrais deux baleines. Des vrais, des grosses, des très impressionantes baleines. La première plongera à quelques 50 mètres du bateau, magnifique. La deuxième me fera sursauter en émergeant à 5 mètres . Une montagne noire qui se dresse d’un coup juste là devant mes yeux ébahis. C’est hallucinant, ahurissant, exceptionnel, fantastique bref vous l’aurez compris ça m’a impressioné. Matan, placide, me fera remarquer qu’elle ne bouge pas et que très probablement elle dort. Une chance que nous ne l’ayons pas touchée….Amos ajoutera que d’après ses lectures, aucune chance. Son sonar fonctionne même quand elle dort. Moi une théorie ou une autre ça m’est relativement égal. Nous ne l’avons pas touchée, j’en ai pris plein la vue et Madame continue tranquilou sa sieste. Que vouloir de plus, non?

Côté négatif, nous avons été à deux doigts de vendre définitivement Nomad et d’acheter un …camping car….

Deux heures après notre départ, j’ai été prise de mal de mer. Pas un mal de mer qui te retourne l’estomac et te fait vomir tes tripes. Non non, ça je gère bien et ça me laisse assez indiférente. Non ce coup là, c’est la version je te paralyse complètement d’un coup et sans préavis…Juste après l’épisode baleine, je me sens somnolente. J’ai le temps de m’allonger dehors et puis après c’est le black out quasi total. A un moment donné je réalise que Noa est couchée vers mes pieds, donc d’après mon cerveau léthargique qu’elle est beaucoup trop près de l’eau….qu’ Adi crie depuis un long moment caaacaaaaa depuis le fond du bateau et que personne ne va l’essuyer et qu’Amos à faim et souffre du coup de mal de mer. Je perçois vaguement que Matan court dans tout les sens prit entre la navigation, les voiles, les enfants et que moi tel un mollusque je suis là, ne servant à rien d’autre qu’à encombrer le passage. Je réalise que si mes trois enfants m’enjambaient pour aller se jeter à l’eau je serais incapable pour autant de me lever pour aller les sauver.

 

De toute ma vie je n’ai probablement jamais ressentie un tel sentiment d’impuissance et d’inutilité. Vomir de mal de mer, rester coucher et ne pouvoir rien faire, je peux vivre avec tant que ma tête continue de fonctionner. Mais là c’est dans ma fonction de maman que je suis atteinte. Je réalise avec effroi que je suis INCAPABLE de m’occuper de mes enfants. Que mon cerveau ne fonctionne plus convenablement et que je ne peux plus commander mes muscles. De très loin je percois mes enfants qui me réclament et je reste là, sans rien pouvoir faire….

Autant vous dire qu’à notre arrivée, quand ma fichue cervelle décide de refonctionner à peu près normalement et bien je …comment dire…pête un plomb propre en ordre!!!! Nomad, c’est fini, terminé et d’ailleurs je n’y passerai pas une seconde de plus.

Quelle chance j’ai d’avoir épousé l’homme le plus patient de la terre et le plus compréhensible. A force d’affronter des tempêtes faites de vent et de vagues, Matan est tout à fait armé devant la tornade qui s’affronte à lui. Il me rassure, j’innnssspiiire et exxpiiiiire, écrase mes enfants éberlués contre moi et reprend pieds dans ce chaos!

 

Je décide que plus jamais nous ne nous laisserons surprendre par les éléments. Que dorénavant avant chaque traversée, aussi courte soit elle, je préparerais des snacks et des boissons accessibles pour les enfants, que les tablettes et ordinateurs seraient remplis de tout les films préférés des loulous et que s’il le faut j’avalerais tous les médicaments anti nausées de cette planète. La tempête  a passé, Nomad n’est pas vendu et le camping car peut encore attendre quelques années, Bequia est devant nous et nous nous remplissons de la joie de revoir nos copains.

 

Bequia est une très grande baie qui ne nous donne pas vraiment envie… Nous devons slalomer entre les centaines de bateaux afin de trouver une petite place pour notre Nomad pas trop loin de nos copains. Le mouillage nous le remarquerons n’est pas super et notre alarme est réglée au plus près pour nous avertir d’un éventuel dérapage. La configuration des bateaux au soir n’est que rarement la même qu’au matin car pendant la nuit les ancres dérapent et les voiliers bougent… Nous n’aurons par chance pas ce problème bien que le jour ou Matan quitte Nomad sans VHF fonctionnelle, notre alarme se met à sonner régulièrement m’avertissant que nous bougeons. J’ai déjà contacté Peter de Rothim afin qu’il soit prêt à venir m’aider à monter l’ancre en cas d’urgence mais par chance Matan revient à temps et nous pouvons bouger en toute sécurité.

Le bon point de toute cette ville sur eau, c’est la dame lessive qui passe de bateaux en bateaux afin de récolter les kilos de linges sale à laver. Pour une fois nous ne regardons pas au budget et c’est avec un immense sourire que nous lui remettons nos KILOS de lessive. Elle nous reviendra sentant bon et toute bien pliée. Aaaaah luxe suprême!!! Je lui aurais presque demandé de me la ranger dans les armoires, m’enfin n’abusons pas tout de même!

Nous ne resterons qu’une  petite semaine à Bequia et à par une marche très sympathique ne ferons que playa et repos. Nous sommes ici pour retrouver les amis, papoter et laisser les enfants jouer ensemble. Cela devient le programme officiel des journées .

 

Bequia marque un tournant dans notre voyage comme étant la première île ou nous nous sentons vraiment harcelés de toutes parts par les vendeurs locaux qui n’hésitent pas à se jeter sur nous, leurs produits à la main en nous jurant que c’est chez eux qu’il faut absolument acheter. C’est oppressant et pas à notre goût.  Quand nous quittons Bequia c’est  pour rejoindre Cata Maia parti quelques jours avant nous aux Tobago Cays. Il paraît que c’est magnifique et nous nous réjouissons de voir toute cette belle eau turquoise dont tout le monde parle!