Après une nuit sans beaucoup de sommeil, à gamberger sur les risques que nous courrons à trainer nos 3 enfants pour 6 jours en Atlantique, partagée quand même entre exitation et peur, nous voilà au matin du 22 octobre au port d’Estepona avec un départ fixé à 9h30. Le départ se passe en douceur, Nomad y mettant du sien pour une fois et nous quittons le port avec un beau soleil et un ciel bleu au dessus de nos têtes. Les nouvelles du bateau copain parti la veille ne sont pas glorieuses. Ils sont restés bloqués 1 jour à se battre contre les courants du détroit de Gibraltar sans réussir à avancer. Ils ont finalement jetté l’ancre à Tarifa…
Matan a soigneusement préparé les horaires des marées, des courants, regardé les cartes encore et encore et pris pleins d’informations comment traverser au mieux le détroit. Nous ferons mieux c’est certain !
La méditerranée nous porte joyeusement et en douceur, sans grosses vagues, malheureusement sans grand vent non plus direction Gibraltar ! 20 milles devant nous pour arriver au Rocher et franchir les piliers d’Hercule, grande porte d’entrée pour l’Atlantique.
Tout se passe bien et nous sommes tous un peu en ébulition, exités par ce défi et par notre projet qui se poursuit comme nous l’avions imaginé. Quelques heures plus tard nous sommes dans la passe et dans les fameux courants. Les voiles sont hissées, le moteur tourne et pourtant le bateau avance à grande peine. 1.3 nœuds alors qu’il devrait normalement filer à 5 voir 6 noeuds… Matan s’interroge, moi je me réjouis de pouvoir au moins avancer, car d’après les histoires il arrive que l’on recule…. Matan observe et remarque avec grande justesse que là, juste un peu plus près des côtes la mer n’est pas agitée par les petites vaguelettes provoquées par le courant, que là juste quelques centaines de mètres plus loin, un catamaran nous dépasse à toute vitesse. Autour de nous pleins de bateaux pêcheurs qui se gondolent en nous voyant traînasser pour rien, pris dans les courants. Grâce à Matan, ils ne rigoleront pas longtemps. Ni une ni deux, nous changeons les voiles et traçons vers cette ligne calme et prometteuse. Quelques minutes plus tard Nomad file à passer 5 nœuds, le capitaine affiche un grand sourire et constate que nous n’aurons perdu qu’une heure pour rien. Le reste de l’équipage aussi est content et observe avouons le un peu moqueur ceux qui n’ont pas encore compris et qui pataugent encore…. !!!
Vent arrière, tangon installé pour tenir le gênois, foc installé en papillon et nous navigons à 5 nœuds heureux comme des papes pour notre grande entrée en ATLANTIQUE !!!. Le passage du détroit se sera fait comme dans un rêve avec de merveilleuses conditions et pour nous souhaiter la bienvenue nous aurons quelques heures plus tard un véritable ballet de dauphins qui viendront sauter joyeusement et espièglement autour de notre bateau. Nous ne les avions jamais vu de si près et poussons des ooooh et des aaaah d’émerveillement toutes les quelques secondes.
Les enfants jouent, Matan, François et moi regardons alternativement l’écran de notre ordinateur car au ballet de dauphins succède le ballet des cargos, ferries, et autres grands et rapides navires qui s’obstinent à croiser notre route, nous obligeant sans cesse à rectifier notre cap pour éviter la collision. Nous resterons enquiquiné par eux jusque tard dans la nuit, le temps de sortir du rail.
Le soir s’installe sur un coucher de soleil grandiose, époustouflant de rouge. Au loin un cargo à 4 cheminées passe et dans son étrave un dauphin s’éclate. On en prend plein les pupilles tellement s’est beau ! Merci dame nature dirait Philippe et nous approuvons !
Il est temps d’aller se coucher, les hommes se répartissent les quarts et moi comme une princesse j’ai le droit de dormir ! Je vous retrouverais demain après je l’espère une calme et bonne nuit de sommeil.
Je vous embrasse.